LUTHERIE AMATEUR

Ah ben si tes sources sont fiables, c'est effectivement pas mal.
Je ne sais pas s'il faut que je le trempe après le travail ni même si je dois faire un recuit avant.

Bien sûr, qui dit nouvelle discipline dit documentation en amont, et nouveau vocabulaire.
On se crée un petit forgeron-amateur.com ?

Il est évoqué sur la vidéo que tu avais mis en lien mais j'en remets une couche, forgefr.com est une excellente adresse.

Ah putain, c'est forgefr.com ? Je tapais forge.fr comme un connard...

Pedro a écrit :Ah ben si tes sources sont fiables, c'est effectivement pas mal.
Je ne sais pas s'il faut que je le trempe après le travail ni même si je dois faire un recuit avant.

Bien sûr, qui dit nouvelle discipline dit documentation en amont, et nouveau vocabulaire.
On se crée un petit forgeron-amateur.com ?

J'ai regardé ton acier SK5, c'est du C80W1 en langage Système internationnal. Donc c'est un acier au carbone à 0.8% de carbone et 0.25% de tungstène (s'il y a d'autres métallurgistes dans le coin, je veux bien une confirmation).
C'est typiquement de l'acier à outils, on en trouve sur plein de lames de scie circulaire (le tungstène améliore la dureté à haute température, typiquement quand ta lame chauffe).

Donc c'est très bien pour te faire un outil.

Si j'étais toi, je me baserais sur ce diagramme. A gauche, pour la cheminée, à droite pour le four de la cuisine (tu vas avoir besoins des deux) :


Je commencerais par un recuit (chauffe entre 950°C et 1200°C, refroidissement peinard à l'air libre). Objectif : avoir un acier mou pour le travailler facilement.

Ensuite, je mettrais en forme la lame à la disqueuse sans m'inquiéter de la bleuir.

Après, place aux traitements thermiques avant finition.
Donc trempe pour durcir à nouveau la lame : tu chauffes à entre 950°C et 1200°C (pour être sûr d'être dans une phase austénitique), puis trempe dans un seau d'eau. Si tu veux, tu peux ne tremper que les 20mm derrière le futur tranchant : toute la lame n'a pas besoins d'être très dure (c'est ce qui est fait sur les opinels).

Et ensuite, 2h à 200°C dans le four de la cuisine, refroidissement à l'air peinard. C'est ce qu'on appelle un revenu, ça sert à supprimer une grande partie des contraintes internes que ton acier a subit après la trempe.

Enfin, mise en forme finale sans bleuir. Là ça va être de l'acier bien dur, une bonne pierre ou une meule à eau te seront bien utile.



Edit : j'ai mis les températures de trempe et de recuit dans des intervalles pour faciliter l'opération.

Pedro a écrit :

caribou a écrit :Nan mais comme on l'a dit, la forge c'est pas le problème

Les questions sont je parle concernant surtout la qualité de mon acier.

L'acier SK5 est utiliser pour les outils de coupe. C'est donc un bon acier pour travailler le cuir.

Merci les mecs. C'est exactement les infos dont j'ai besoin. Sympa, le tuto Alexyvity, je vais le suivre à la lettre.
Je suis hyper impatient de m'y mettre. JE SUIS VULCAIN, PUTAIN !!! :gr5: :gr5: :gr5: :mdr17: :mdr17: :mdr17:

Après si ça foire tu m'en voudra pas hein !

Et pour la trempe et le recuit (en gros, pour la cheminée) :
- il vaut mieux viser un peu trop chaud que trop froid,
- il faut réussir à rester chaud pendant au moins un bon quart d'heure.

Si tu te réfères au diagramme que j'avais mis dans l'autre sujet il faut que pour un pourcentage de carbone à 0.8% (le %C est en abscisses), tu chauffes suffisamment (la température est en ordonnées) pour être dans la zone [gamma] / austénite. C'est dans cette zone de température que tu dois laisser ton bout de métal pour que l'ensemble de ta lame voit son organisation interne se stabiliser (on appelle l'organisation interne la "structure cristallographique" pour info, mais le terme peut faire peur ).

D'ailleurs on pourrait peut être rebasculer les messages et nos pommes sur cet autre sujet.

Alexlyvity a écrit :
Après si ça foire tu m'en voudra pas hein !

Et pour la trempe et le recuit (en gros, pour la cheminée) :
- il vaut mieux viser un peu trop chaud que trop froid,
- il faut réussir à rester chaud pendant au moins un bon quart d'heure.

Si tu te réfères au diagramme que j'avais mis dans l'autre sujet il faut que pour un pourcentage de carbone à 0.8% (le %C est en abscisses), tu chauffes suffisamment (la température est en ordonnées) pour être dans la zone [gamma] / austénite. C'est dans cette zone de température que tu dois laisser ton bout de métal pour que l'ensemble de ta lame voit son organisation interne se stabiliser (on appelle l'organisation interne la "structure cristallographique" pour info, mais le terme peut faire peur ).

D'ailleurs on pourrait peut être rebasculer les messages et nos pommes sur cet autre sujet.

Edit : pour info j'ai mis les températures de trempe et de recuit dans des intervalles pour simplifier les opérations .

J'ajoute enfin : c'est ça qu'il se passe dans une trempe :
https://www.youtube.com/watch?v=OQ5lVjYssko

Chaque aiguille formée est la transformation d'un grain d'austénite en aiguille de martensite. La martensite est méga dure et rigide. Dans une trempe on cherche à n'avoir plus que de la martensite, et pour ça il faut refroidir suffisamment vite et à une température finale suffisamment basse.

Merci tout plein. C'est vachement gentil de prendre le temps de me donner toutes ces infos.
J'ai une crainte qui m'a poussé en réfléchissant à tout ça : que ce SK5 soit juste des pièces rapportées sur les dents de la lame. Faut que je pousse plus avant les recherches auprès du fabricant.

Edit : rassuré : "Sa denture de qualité en carbure, affûtée avec précision, assure des coupes nettes et sa lame de base, fabriquée en acier trempé SK5 avec des dimensions stables (> 40 HRC), garantit la précision."

De l'acier XC75, type tôle bleue, est pas mal utilisé en outillage. La dénomination moderne est C80 je crois. C'est presque pareil que le SK5, sans le tungstène. Tu peux faire de bons couteaux avec ça, l'affûtage tient bien.

Cool. Y'a plus qu'à s'y mettre. J'ai des vacances à la fin du mois, je vais prendre le temps de préparer ça pour ce moment-là.

Pedro a écrit :Merci tout plein. C'est vachement gentil de prendre le temps de me donner toutes ces infos.

De rien, ça fait plaisir et ça me fait réviser mes vieux cours .

Mickaël a écrit :De l'acier XC75, type tôle bleue, est pas mal utilisé en outillage. La dénomination moderne est C80 je crois. C'est presque pareil que le SK5, sans le tungstène. Tu peux faire de bons couteaux avec ça, l'affûtage tient bien.

Ce sont le magnésium et le silicium qui aident à faire tenir l'affutage ? Parce que l'acier des opinels par exemple est un acier au carbone à 0,8%C, et c'est tout (enfin d'après mon prof de métallo). Et il ne tient pas très très bien l'affutage je trouve !
Mais ça peut aussi être une question de traitements thermique...


En tout cas c'est sympa de parler de tout ça .

Je ne sais pas quel élément d'addition permet de mieux faire tenir l'affûtage, mais il est sur que le traitement aura un impact. Plus l'acier sera sur, meilleur sera le tranchant mais il sera plus fragile. Après, j'ai pas mal d'Opinel à la maison (belle famille originaire de Saint Jean de Maurienne) et je ne trouve pas que le lames soient mauvaises. Ça coupe le saucisson, c'est parfait!

Un collègue a fait un couteau avec du XC75, trempé à l'eau, il a fait une trempe sélective, je lui demanderai ce qu'il en est de l'affûtage.

Un couteau trop bien trempé est fragile, le tranchant est cassant et s'il tient très bien l’affûtage il est pénible à affûter. Il faut donc trouver un compromis et celui des lames d'Opinel me parait bon, facile à affûter et qui coupe suffisamment longtemps.
J'adore le titre de ce fil, totalement surréaliste.

benoit suaudeau a écrit :J'adore le titre de ce fil, totalement surréaliste.

Carrément

D'accord avec toi, pour un couteau. Après, pour un outil pour le bois par exemple, un tranchant solide peut être bien, notamment pour faire un scalpel ou tranchet.

benoit suaudeau a écrit :Un couteau trop bien trempé est fragile, le tranchant est cassant et s'il tient très bien l’affûtage il est pénible à affûter. Il faut donc trouver un compromis et celui des lames d'Opinel me parait bon, facile à affûter et qui coupe suffisamment longtemps.
J'adore le titre de ce fil, totalement surréaliste.

J'ajouterai (les spécialistes confirmeront...ou pas!) que plus un outil subira des chocs, moins il doit être dur; Cela ne sert à rien (si ce n'est perdre son temps à affuter en boucle) d'avoir un ciseau à 68 hrc pour faire de la mortaise dans du gaïac!

Je confirme à 200%! Réserve mes 68HRC à un scalpel pour découper des flocons de neige en papier

Oui, mais c'est surtout sur le corps de l'outils que tu peux te permettre de le recuire davantage... ou de ne tremper que le tranchant, comme le fait justement Opinel .

Et sinon j'adore Opinel, je suis de Savoie moi ! Mais pour le bois, sorti du balsa, je trouve que ça ne vaut pas un ciseau Pfeil.
Par contre, comme dis Benoit c'est super simple à affuter et ça tient parfaitement la coupe le temps d'un saucisson. En plus, la lame est fine, ce qui est un avantage pour refendre les courges ! Bref, un très bon outil à pas cher !

Oula, ça va vite, ici. Va falloir que j'essaie de piger tout ça calmement.

Merci les mecs. Vous êtes au top !