LUTHERIE AMATEUR

6ri.l a écrit :c'est clair que sur le frêne c'est vraiment top.

un de mes ancien collègue ebeniste laissait enfermé ses bout de bois dans un sac, à l'étouffée, pendant plusieurs jours avec de l'ammoniaque pour noircir le chêne.
ça évite de se polluer les poumons trop longtemps, et les vapeurs agissent plus longtemps.

Tu as un retour d'expérience sur le rendu avec ammoniaque, comparativement à l'acétate de fer?

Hier matin j'ai préparé un petit essai avec l'ammoniaque.

Je vous laisse deviner les essences...

C'est mis à tremper complètement dans "la maniaque" (San antonio). Boîte fermée par un couvercle étanche.


Ça c'était hier soir, au bout de 6h de trempage.

Il aurait fallu faire des bains séparés, là, tout le monde profite des tanins des copains. Le but de la manip, c'est surtout de voir la profondeur de la coloration. Donc, ce soir je sors tout le monde (ça fera 30h) et je mets à sécher toute la nuit.
Demain je tranche

Je sens que le robinier ça va me plaire :linux:

Vous pouvez aussi jouer sur l'intensité sans pour autant abandonner l'idée de "teinter" en profondeur. Il faut juste un peu (beaucoup) de patience. J'ai laissé tremper un bout de chêne dans une cuve au boulot (cuve qui sert à récupérer toutes les boues de ponçage (je bosse dans la mosaïque/marbre)). Avec un chouilla de vinaigre et les traces de rouille qu'on trouve inévitablement dans toute structure métallique, j'ai pu donner une jolie teinte bleu/gris à mon morceau ( en 6 mois dans de l'eau froide, à essayer dans un recoin un peu mieux chauffé ...). J'ai juste essayé d'en raboter un chant pour constater la pénétration, la couleur y était. Je vais essayer d'en couper un bout dans la semaine pour voir ce que ça donne.

Pour ceux qui ont de l'argent et manquent d'envie d'attendre 200ans pour un morceau vraiment attaqué dans la masse. Il y à le chêne des marais. Je ne parle pas de l'essence mais des arbres qui ont fini sous les flots et qui ont pris de très belles teintes dans ces tons là sous l'effet de la même réaction.

Trouvable ici en déroulant jusqu'à "Chêne"

Bon les résultats :
Je remets la référence (les plaquettes font 10mm d'épaisseur) :


Après ~30h de trempage (Ébène en référence à côté) :


Après une nuit de séchage :


La tranche (sciée à la main pour éviter les brûlures) :


Avec un coup d'alcool à brûler :


Donc l'effet est profond, mais variable selon les bois. La contamination par "les tanins des copains" reste superficielle. Le robinier ressort très jaune (plus que sur la photo) et pas noir. Le mérisier a rougi.

On est loin de l'effet "goudronnage" de l'acétate de fer. L'armagnac (nan ! j'déconne, j'aurais pas gâché) a accentué les colorations naturelles (vieillissement ?) mais pas forcément noirci.

C'est, en tout cas, intéressant.

Je m'en vais préparer du vinaigre de fer...

Bon j'ai fait le plein de vinaigre, ma mixture est en cours de macération, tests sur du châtaignier ondé, du robinier, du poirier, du pommier, du prunier, du charme bientôt

FingersOnFire a écrit :Bon j'ai fait le plein de vinaigre, ma mixture est en cours de macération, tests sur du châtaignier ondé, du robinier, du poirier, du pommier, du prunier, du charme bientôt

Outch si le poirier réagit bien, avec celui que tu nous a refourgué, ça va dé-chi-rer !

Ce weekend, j'ai donc immergé une touche en frêne ondé d'environ 8mm dans un sachet sous vide d'air, rempli d'acétate de fer (pas super évident à faire, le liquide monte très vite quand on aspire l'air...). Je vais laisser "macérer" le bout de bois jusqu'à ce que mon projet de gratte en bois indigènes avance (c"'est à dire plusieurs semaines).
Le but est de voir si le bois se teinte réellement en profondeur.

Avant de mettre la touche dans le sac hermétique, j'ai passé une première couche de solution sur une face, c'est pourquoi l'un des deux cotés est déjà noir.






La face pas encore "teintée" :





Une heure plus tard, la réaction a déjà bien opéré :

Pour l'avoir fait plusieurs fois, avec le noyer (+ vinaigre blanc et paille de fer) le résultat est très intéressant.

Je dévie un poil du sujet.
Je viens de récupérer au taf du chêne immergé depuis plus de 50 ans, pas mal noirci à coeur. Comment le conserver ? Comme du bois normal ? En tous cas ça faisait de drôles de copeaux à la tronçonneuse, on aurait dit du plastoc noir...

TangerineDream a écrit :Je dévie un poil du sujet.
Je viens de récupérer au taf du chêne immergé depuis plus de 50 ans, pas mal noirci à coeur. Comment le conserver ? Comme du bois normal ? En tous cas ça faisait de drôles de copeaux à la tronçonneuse, on aurait dit du plastoc noir...

Ouais, pareil, tu le mets sur épingles que ça ventile, il va sécher tout seul, sans pourrir

Tu es sûr que ça n'est pas du bois traité au creozote ?

Juste un truc (oui je sais avec un mois de retard) pour l’ammoniaque, techniquement ce n'est pas par trempage, c'est avec les vapeurs ou en application légère d'ordinaire (après entendons nous bien, chacun peu faire à sa façon) et dilué.

mais le truc c'est que c'est assez fort et continue d'agir et d'agir avec le temps sauf si on l’arrête (là c'est le menuisier qui parle )

Junah a écrit :Tu es sûr que ça n'est pas du bois traité au creozote ?

Chêne du Doubs (ou du Jura) trempé dans le Doubs quasi dès sa mise à mort. Du 100% local bio je dirais (enfin si on excepte les métaux lourds qui se baladent un peu partout dans la rivière).
On ne va pas se faire chier à traiter des bois qui servent d'étanchéité aux portes d'écluse voyons :wink:

En tous cas entre le coup de tronç' de ce matin et cet après midi il a fortement noirci, d'un noir bleuté très encre de chine. Restera à le débiter sans faire le con.... Vaut mieux essayer de ne sortir que du quartier ? Parce que j'aurais de quoi faire des touches mais rien d'autre (des éclisses peut-être mais pas le fond qui va avec...)

Et qu'est ce qu'il pue ! :malade:

TangerineDream a écrit : On ne va pas se faire chier à traiter des bois qui servent d'étanchéité aux portes d'écluse voyons :wink:

Détail que tu n'avais pas précisé. Tout va bien alors

C'est vraiment super intéressant et très sympa de nous faire partager vos expériences. Je suis ça avec intérêt. Je suis plutôt intéressé par l'utilisation de bois locaux, mais j'ai toujours trouvé dommage l'absence d'essence très sombre. J'ai hâte de voir le déballage de la touche en frêne sous vide.

Bon copeaux à vous.

Suite des essais avec le vinaigre de fer (vinaigre blanc + pointes de 110 pendant 4 semaines).

Le premier trempage que j'ai essayé (24h) a donné des morceaux biens noirs, goudronneux à souhait. Mais en un coup de racloir le bois reprenait sa couleur. J'ai donc remis à tremper 15 jours, pendant mes vacances.
J'ai sorti ça mardi soir :



À gauche ébène en référence. De haut en bas : châtaignier, robinier, chêne.

Ça sèche depuis deux jours (fait pas chaud ici). Si ce soir c'est sec, je les fends pour voir dedans

À côté les "ammoniaqués" d'il y a un mois sont bien pâlots :

tubart a écrit :

6ri.l a écrit :c'est clair que sur le frêne c'est vraiment top.

un de mes ancien collègue ebeniste laissait enfermé ses bout de bois dans un sac, à l'étouffée, pendant plusieurs jours avec de l'ammoniaque pour noircir le chêne.
ça évite de se polluer les poumons trop longtemps, et les vapeurs agissent plus longtemps.

Tu as un retour d'expérience sur le rendu avec ammoniaque, comparativement à l'acétate de fer?

désolé, j'avais pas vu ta question.

l'ammoniaque, je ne l'ai utilisé que sur du chêne, ça ne fait pas noir mais tu peux avoir des marrons très foncés.

Bon et alors Tubart ? Ça a donné quoi ton essai d'imprégnation sous dépression ?

caribou a écrit :Bon et alors Tubart ? Ça a donné quoi ton essai d'imprégnation sous dépression ?

La planchette de frêne est toujours dans le sac sous vide, le bois et l'acétate de fer sont très noirs. Je prendrai une photo ce weekend, mais ça risque de ne pas donner grand chose.

Je pensais sortir la planche une fois que je lancerai mon projet d'instru en bois indigènes, c'est à dire une fois que j'aurai commencé à réunir les pièces d'accastillage etc... :wink:

Deux remarques en passant :
* les compresseurs de frigo modifiés font des très bonnes pompes à vide. Les modélistes s'en servent pour coller les fibres de verre/carbone sur les noyaux (polystyrènes) des ailes de planeur.
* il me semble que le robinier faux-acacia (qui pullule chez moi) se tente bien à l'ammoniac, ici c'est dur comme de l'acier, pour faire une touche ça doit pas être mal.

JB