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Re: scie japonaise
Posté : sam. 14 mars 2009 14:31
par Gaelle
Pedro a écrit : Nous nous percevons tous d'une certaine façon et sommes parfois très surpris de la façon dont les gens nous perçoivent, car nous ne percevons pas certains aspects compliqués de notre personnalité, que nous considérons comme "normaux". Ainsi, un obsessionnel (une des formes de névrose) ne se rendra pas toujours compte à quel point il est rigide sur certains aspects. Il trouvera plus volontiers autrui bordélique ou envahissant.
A ce sujet, une émission sur TF1 qui à beau être une grosse bouse de télé-réalitico-voyeurisme, "c'est quoi l'amour" ou un truc comme ça, est parfois assez intéressante quand elle renvoie au malade du sujet ses images d'elle même.
Ça peut être de l'obsession, de la manie, de la jalousie, les gens se perçoivent rarement comme ils sont et se voir de l'extérieur en train de balancer ses névroses sur sa famille ou ses amis est super violent! Ça fait d'ailleurs peine à voir (d'où le coté voyeurisme morbide).
En espérant ne pas être trop assomant.
Bah je n'ai jamais été autant intéressé par de la psycho, tu aurais pu être prof, tu as le don de captiver les gens, j'en ai déjà fait l'expérience quand tu es passé à la maison!

Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 14:35
par Heinzou
Clair que c'est super interessant!
Re: scie japonaise
Posté : sam. 14 mars 2009 14:38
par guyzard
hyperion a écrit :
En espérant ne pas être trop assomant.
Bah je n'ai jamais été autant intéressé par de la psycho, tu aurais pu être prof, tu as le don de captiver les gens, j'en ai déjà fait l'expérience quand tu es passé à la maison!

Tout pareil. D'ailleurs Charly tu ne crois pas si bien dire

Re: scie japonaise
Posté : sam. 14 mars 2009 14:39
par Pedro
hyperion a écrit :
A ce sujet, une émission sur TF1 qui à beau être une grosse bouse de télé-réalitico-voyeurisme, "c'est quoi l'amour" ou un truc comme ça, est parfois assez intéressante quand elle renvoie au malade du sujet ses images d'elle même.
Ça peut être de l'obsession, de la manie, de la jalousie, les gens se perçoivent rarement comme ils sont et se voir de l'extérieur en train de balancer ses névroses sur sa famille ou ses amis est super violent! Ça fait d'ailleurs peine à voir (d'où le coté voyeurisme morbide).
Exactement !
Sauf que c'est effectivement très violent et qu'il faut vraiment vouloir faire de l'audience pour infliger ça aux gens (en public en plus, bonjour la déontologie !)
Mais ça illustre parfaitement que nous nous percevons quand même très mal, et bien souvent d'une façon qui nous arrange beaucoup, d'une façon ou d'une autre...
Bah je n'ai jamais été autant intéressé par de la psycho, tu aurais pu être prof, tu as le don de captiver les gens, j'en ai déjà fait l'expérience quand tu es passé à la maison!

Ca me touche beaucoup, Charly. Merci.
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 14:47
par ludobag
je n'ai aucune expérience dans le domaine mais il y a quelques années un pote avait un stage à vinatier (celèbre hopital psychiatrique de lyon)il était en formation d'infirmier et il m'avait expliquer quelques trucs et c'est affolant le milieu psychiatrique (sans mauvais jeu de mots ) il se passe des choses qui ne peuvent etre raconter tellement c'est choquant
après quelques temps peut etre que l'on s'habitue mais confronter à certain cas ,c'est flippant et dangereux en plus

Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 14:57
par Pedro
Je confirme que la folie, c'est un tout petit moins glamour que Brad Pitt qui délire sur la libération des animaux en faisant des mimiques.
Un service psychiatrique, c'est 30 à 50 individus dans des états qui vont de "bizarre" à "zombie", qui clopent toute la journée, bavent, se trainent, parlent tous seuls, t'interpellent avec un discours incohérent et attendent soit le prochain repas, soit la prochaine tournée de médicaments. Sans compter celui qui se masturbe sur son lit porte grande ouverte, celui qui se tape la tète dans le mur, celui qui a les mains pleines de son propre caca, celui qui tape des clopes ou du blé à tout le monde, celui qui est en "chambre de soins intensifs" (en cellule, quoi) et qui tape TOUTE LA JOURNÉE dans le mur en hurlant qu'on le laisse sortir. Au milieu de toute cette souffrance, quelques grands déprimés hospitalisés suite à une TS ou à un comportement suicidaire se demandent ce qu'ils foutent là et une poignée de patients en sevrage alcoolique dorment presque toute la journée. Et de moins en moins de personnel, bien entendu.
Oui, c'est glauque et, comme le disait Franck (une fois de plus) ça n'a RIEN de romantique ou d'amusant.
Quant au danger, faut reconnaître : il existe (le danger physique, hein...) mais il n'est pas présent à l'esprit des soignants à tout instant.
Vous voyez "Vol au dessus d'un nid de coucou" ? Vous multipliez par 10 la souffrance et le malaise que vous constatez en matant les scènes de vie quotidienne, et vous aurez une idée de ce qu'est la psychiatrie jour après jour.
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 15:04
par Heinzou
Pedro a écrit :Je confirme que la folie, c'est un tout petit moins glamour que Brad Pitt qui délire sur la libération des animaux en faisant des mimiques.
l'armée des 12 singes
Ca existe ce genre de mecs qui sont juste un peu "foufous" qui délirent plus qu'autre chose?
J'ai une amie qu'a fait quelques mois en tant que stagiaire dans un centre dansq ce genre aussi et qui s'est barrée TRES rapidement, elle m'a raconté un peu.... Certaines anecdotes font rire, et en meme temps font peur!
Ca se raconte pas sur ce genre de forums mais j'suis sur en a déjà vu des trucs comme ça et j'sais pas ça doit choquer je pense...
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 15:32
par donm
Pedro a écrit :
Un service psychiatrique, c'est 30 à 50 individus dans des états qui vont de "bizarre" à "zombie", qui clopent toute la journée, bavent, se trainent, parlent tous seuls, t'interpellent avec un discours incohérent et attendent soit le prochain repas, soit la prochaine tournée de médicaments. Sans compter celui qui se masturbe sur son lit porte grande ouverte, celui qui se tape la tète dans le mur, celui qui a les mains pleines de son propre caca, celui qui tape des clopes ou du blé à tout le monde, celui qui est en "chambre de soins intensifs" (en cellule, quoi) et qui tape TOUTE LA JOURNÉE dans le mur en hurlant qu'on le laisse sortir. Au milieu de toute cette souffrance, quelques grands déprimés hospitalisés suite à une TS ou à un comportement suicidaire se demandent ce qu'ils foutent là et une poignée de patients en sevrage alcoolique dorment presque toute la journée. Et de moins en moins de personnel, bien entendu.
Je plussoie.
Et je dois rajouter que "des fois" (je veux pas m'attirer les foudres) le personnel est absolument incompétent...
Je passe sur d'autres points limites...
Un souvenir rigolo qui pourrait un peu résumer (rigolo parce qu'il ne touchait pas qu'une hospitalisée)
Y'avait une dame d'un certain âge (surement la maman) venue voir sa fille en visite. Elles ont décidés de se détendre en faisant une partie de dames.
Sauf que l'une avait placé ses pions sur les cases blanches et l'autre sur les cases noires (c'est juste qu'elles devaient pas avoir joué depuis longtemps).
J'y ai vu l'allégorie parfaite de la communication dans ces HP.
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 15:38
par Pedro
donm a écrit :
Un souvenir rigolo qui pourrait un peu résumer (rigolo parce qu'il ne touchait pas qu'une hospitalisée)
Y'avait une dame d'un certain âge (surement la maman) venue voir sa fille en visite. Elles ont décidés de se détendre en faisant une partie de dames.
Sauf que l'une avait placé ses pions sur les cases blanches et l'autre sur les cases noires (c'est juste qu'elles devaient pas avoir joué depuis longtemps).
J'y ai vu l'allégorie parfaite de la communication dans ces HP.
Splendide ! :app:
Re: scie japonaise
Posté : sam. 14 mars 2009 16:51
par caribou
Tiens, puisqu'on en est à avoir scindé le sujet, ça veut dire quoi psychotique ? C'est un terme générique ?
J'ai bossé un temps dans un C.A.T avec quelques personnes dont on m'avait dit qu'ils étaient psychotiques, quand j'ai demandé aux autres encadrant ce que ça recouvrait je n'ai pas pu obtenir de réponse vraiment éclairante (ou alors je n'y avais rien compris).
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 17:23
par Pedro
Bon, on va tenter de faire simple et clair. Mais ça va pas être facile :
En gros, on pourrait dire que la population (occidentale, faisons simple) se divise en trois grandes catégories :
- les névroses (je disais environ 98% de la population, c'est très schématique)
En gros, on retrouve : l'hystérie, la névrose obsessionnelle, la névrose phobique.
On pourrait dire que chacun de nous va être grossièrement organisé sur l'un de ces trois modes, avec quelques traits des deux autres. C'est le large spectre de la normalité.
Parfois, on s'enfonce un peu plus franchement dans l'un de ces types d'organisation, et on parlera alors de pathologie névrotique.
Exemple : être assez ordonné, organisé, aimer arriver à l'heure, c'est être plutôt obsessionnel.
S'angoisser franchement parce que quelque chose vient dérégler notre organisation, se mettre dans tous ses états (colère, angoisse, etc.) quand on doit remanier ses plans, avoir recours à des rituels de plus en plus envahissants, c'est développer une névrose obsessionnelle pathologique.
- les psychoses
Elles s'organisent sur différentes modalités : la paranoia (la vraie, comme dans "Complots" avec Mel Gibson, où le délire est ultra construit et pas du tout critiqué. Pas juste un mec un peu méfiant), la schizophrénie (et toutes ses subdivisions : schizophrénie simple, schizophrénie paranoïde, autisme (le vrai, pas celui de Rain Man qui compte les cure dents, mais celui qui hurle dès qu'on le touche et qui passe son temps le regard au loin), l'hébéphrénie, etc...) ,le trouble bipolaire (anciennement appelé Psychose maniaco-dépressive), la bouffée délirante aigüe, etc...
Les sujets psychotiques ont un rapport diffus à la réalité, une étrangeté de contact, des comportements bizarres qui semblent plus destinés à paraître adaptés qu'à partager réellement une expérience avec autrui.
- les états limites
Ni psychotiques, ni franchement névrosés, c'est une catégorie qui va surtout se distinguer par les pathologies du narcissisme : perversions, psychopathies, troubles des conduites alimentaires, etc... Des sujets assez peu intégrés socialement pour lesquels, sur différents modes, l'autre n'existe pas ou n'existe que par ce qu'on peut lui soutirer.
Les classifications modernes des maladies sont venues compliquer tout ça en créant des profils de personnalité. On va pas rentrer dans le détail, disons que ça permet d'être moins catégorique sur un diagnostic.
Enfin, il faudra distinguer le langage "populaire" du langage spécialisé.
Ainsi, un schizophrène ne souffre pas d'une double personnalité.
Un maniaque n'est pas un obsédé sexuel, pas plus qu'un accro au rangement, c'est un état d'agitation extrême (et très spectaculaire : plusieurs nuits sans dormir, des idées dans tous les sens, complètement déconnantes, dépenses massives (plusieurs dizaines de milliers d'euros dans la semaine, parfois), accès mégalomaniaque)
Une "dépression nerveuse" ne veut rien dire. Dire d'un collègue qu'il a fait une dépression nerveuse peut aller du stress intense à un épisode schizophrénique en passant par un accès dépressif, une bouffée délirante aigüe, etc. Ca ne recouvre rien de précis et c'est en général utilisé dans le langage populaire pour décrire n'importe quel type de trouble psychique (en général, ayant conduit à un arrêt de travail) par simple méconnaissance.
N'hésitez pas à me dire si j'ai manqué de clarté (enfin, surtout Franck, qui doit être le dernier à ne pas s'être assoupi... :mrgreen: )
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 17:35
par Kralizec
Non, non, je suis, c'est pas parce que j'ai rien à dire que je ne lis pas. C'est intéressante d'éclairer un peu tout ça.
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 17:48
par Dos
:mrgreen:
Vraiment très éclairé et éclairant ! Je me retrouve dans certains aspects que tu décris Pedro

du genre les accès "maniaques" et la bouffée délirante aigüe mais je présume que ce sont des points comme tu l'a dit plus tôt qui sont infimes et dont tout le monde "souffre" ;)
C'est très intéressant en tout cas ;)
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 18:09
par Noodles
Kralizec a écrit :Non, non, je suis, c'est pas parce que j'ai rien à dire que je ne lis pas. C'est intéressante d'éclairer un peu tout ça.
+1

Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 18:17
par alf
je lirai ca ce soir.
quand tout le monde dort et que j'ai trop peur pour eteindre :mrgreen:
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 18:18
par ycon
Très intéressant ce topic
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 18:21
par donm
Merci Pedro...

Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 18:49
par Pedro
J'ai enfin trouvé le moyen de faire la nique absolue au freepost !
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 18:52
par Dos
:mrgreen:
Pedro a écrit :J'ai enfin trouvé le moyen de faire la nique absolue au freepost !
D'ailleurs, le Freepost est-il une déviation psychique (psychotique ? :mrgreen: ) une forme de maniaquerie? :mrgreen:
En tout cas, tout ce que je sais, c'est que cette dérivation (le freepost donc hein) tu le guéris bien à coups de pied au c** :mrgreen: !
Re: Chronique de la folie ordinaire.
Posté : sam. 14 mars 2009 19:58
par ycon
Pedro a écrit :J'ai enfin trouvé le moyen de faire la nique absolue au freepost !
Comment ? de nous parler de malade mentaux ? "Pedro Pedro ! raconte nous une histoire !"